Le 04/05/2024

Pierre Le Tortorec, le traileur de l'extrême

Il faut être un peu maso pour se farcir 112 kilomètres par monts et par vaux ! Pierre Le Tortorec le nouveau champion de Bretagne d'ultra-trail l'est ! Mais il l'assume. "Ce qui me motive ? J'aime souffrir", avoue-t-il sans vergogne ! Et  samedi dernier à Clohars-Carnoët, s'il n'a pas terminé sur les rotules, le Pontivyen est quand même allé puiser dans ses ressources pour signer une journée historique. Pensez donc : Ce sont trois Morbihannais qui se se sont imposés, Pierre l'endurant sur le trail (ultra) long, Emmanuel Cauty le demi-fondeur  sur le 59, Fabien Jaffré le sprinter sur le 29. Trois monstres de la discipline, trois dévoreurs de grands espaces. Mais puisqu'il nous faut n'en choisir qu'un, on décernera la palme du mérite à Pierre Le Tortorec parti au petit matin (à 5 heures précisément) pour couper la ligne d'arrivée du côté de 15 h 30.

Légende: Pierre Le Tortorec, un gros moteur du Trail Breton, a turbiné à Clohars-Carnoët, le week-end, pour boucler les 112 km du parcours, près de 20 minutes devant tout le monde. Crédit photos: DR

Un 112 kilomètres réserve toujours quelques surprises... Et samedi dernier encore le kiné morbihannais en a connu quelques unes. La première ? Le départ sur les chapeaux de roue d'un adversaire que le Pontivyen ne connaissait pas. "Je lui ai dit qu'il allait payer ce départ en fanfare... mais je l'ai suivi. Et je suis parti un peu vite."

Deuxième surprise, un grand classique, celle-là, l'erreur de parcours. "Une voiture mal garée masquait une balise. Cela m'a valu un petit détour." le temps de revenir sur l'homme de tête, Pierre Le Tortorec avait gaspillé encore un peu d'énergie. Le résultat ? "Une fin de course un peu difficile, j'ai crampé." Sans conséquence ! L'ultra-traileur avait depuis longtemps fait le trou et possédait alors une vingtaine de minutes d'avance sur son dauphin... Mais le Morbihannais a peut-être souffert davantage que prévu sur cette course qu'il considère avant tout comme une préparation à d'autres échéances... "Avec ses relances incessantes, c'était aussi un circuit usant."

 

100 kilomètres et au-delà, jusqu'à l'infini... Voilà le format de course dans lequel se complaît Pierre Le Tortorec. Pourquoi ? "Parce que sur cette distance, il peut se passer beaucoup de choses, il y a plein de paramètres qui entrent en ligne de compte. Il faut courir avec sa tête. Il y a des moments d'euphorie, des moments où tu técroules et puis ça revient. Il faut savoir gérer son effort, gérer les phases ON/OFF. Oui, c'est cela qui me plaît."

Et puis dans les moments plus creux, il y a toujours quelque chose à quoi se raccrocher. "En passant du côté de Quimperlé, j'entendais les échos d'un tournoi de foot auquel participait mon fils..."  Une partie de foot avec son fils lui a d'ailleurs valu une fracture du pied alors qu'en termes de blessures, l'ultra-traileur est plutôt épargné. La famille on le sent, est bien présente. Les enfants, la compagne mais aussi la maman qui enveloppe son "petit" du regard tandis qu'on débriefe. "La famille est à l'écoute", confirme Pierre. Il le faut bien quand le kiné-traileur part s'entraîner tôt le matin ou tard le soir, a minima 100 kilomètres par semaine.

 

Entretemps, Pierre a demandé à s'asseoir. Je lui demande s'il pourra se relever. Il se marre. "C'est pas la Diagonale des Fous non plus. Là bas, sitôt la course terminée, tu penses que tu es bien, tu t'assois un peu mais quand il faut repartir..." Et le bougre sait de quoi il parle : la Diagonale, il l'a traversée à trois reprises. "La première fois, une onzième place, la deuxième une septième, la troisième une douzième..." Les spécialistes apprécieront ! Mais le vaillant trentenaire ne se repose jamais sur ses lauriers et c'est maintenant vers la montagne et ses sommets escarpés que lorgne  Pierre. Cet été, l' ancien spécialiste de natation ("Quand on passe 25 ans dans les bassins, on apprend à souffrir"), voguera entre Saint-Lary-Soulan sur le GRP (160 bornes) et Luchon (85 kilomètres seulement).

Parmi les fidèles qui l'accompagnent, voilà que se pointe un certain Guillaume qui brûle de me faire une révélation. "J'ai fait le 59 kilomètres et Pierre était censé me rattraper. Eh ! bien ! il n'y est jamais parvenu. Cela, il faut l'écrire", me lance-t-il hilare. En somme, le garçon voudrait relativiser la perf de son pote. Mais on sent bien qu'il en est fier et qu'il ne demande qu'à partager. Comme tous ces traileurs, 112, 59 et 29 bornes confondus. Tous victorieux à leur échelle. Un grand mix réjouissant.

Rubrique Carte Blanche à Marc Férec

Résultats Trail de Clohars-Carnoët:

112 kms.

1. Masculins. 1. Pierre Le Tortorec (Endurance Shop Pontivy) 10 h 32'55 ; 2. J. Le Gourrierec (Individuel) 10 h 50'12 ; 3. C. Pimenta (Individuel) 10 h 55'15.

59 kms. 1. Emmanuel Cauty (Individuel) 4 h 25'24 ; 2. G. Oliviero (BBK) 4 h 34'12 ; 3. M.A Brochard (Individuel) 5 h 10'50 .

  29 kms. 1. Fabien Jaffré (Tonton Outdoor) 1 h 56'17 ; 2. P.M Guillemot (Guidel Triathlon) 2 h 00'25 ; 3. E. Richard (BBK) 2 h 03'26.

112 kms. Féminines.

1. Marie Cavell (Quéven) 12 h 46'15 ; 2. C. Encognere Goncalvez (Team Trail Cholet) 13 h 01'34 ; 3. G. Louédoc (Individuelle) 15 h 05'07.

59 kms. 1. Aurélie Grangé-Paul (Cimalp) 5 h 22'38 ; 2. C. Le Pennec (Individuelle) 6 h 11'42 ; 3. A. Mayère (Individuelle) 6 h 14'42.

29 kms. 1. Karine Pasquier (La Transfinistérienne) 2 h 17'04 ; 2. A. Le Yondre (S/L Courir à Saint-Avé) 2 h 23'49 ; 3. C. Merckling (BBK) 2 h 28'49.

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